Commentaire de Pierre : « Ceci est un des textes spirituels le plus remarquable que j’aie lu depuis longtemps »

A tort, certains pensent que le bouddhisme condamne tout désir. Mais il n’y a pas moyen de se débarrasser du désir. Au contraire, la psychologie bouddhiste nous conduit du désir à l’abondance.

Le sage indien Nisargadatta, un de mes maitres, défiait ses élèves en disant : « Votre problème n’est pas que vous ayez des désirs, mais que vous désiriez si peu. Pourquoi ne pas tout désirer ? Pourquoi ne pas vouloir l’épanouissement, la joie et la liberté » ?  Nisargadatta ne voulait pas dire une avidité sans limite. Il parlait de l’état de conscience qui sait qu’il n’est pas séparé du monde. Kabir, le poète mystique indien, l’exprimait ainsi : « Je ris quand j’entends dire qu’un poisson dans la mer a soif ».

Nous avons déjà en nous ce que nous désirons le plus profondément. La vie, l’amour, la liberté intérieure, la connexion à tout. Plus nous pouvons réaliser cela, plus nous pouvons entreprendre toutes choses avec un sentiment d’abondance. Notre abondance intérieure projette un sentiment de valeur, d’utilité et d’aise, d’avoir quelque chose à donner au monde et de le faire avec plaisir. Sans abondance, nous pouvons être au milieu de l’opulence et nous sentir comme un fantôme affamé. Les parents et les enseignants avisés accentuent l’abondance chez leurs enfants en les aidant à sentir que chacun-e a beaucoup à donner et en leur offrant l’occasion de le faire. Pour chacun d’entre nous, que ce soit élever un enfant en bonne santé, bâtir une entreprise consciente, planter un jardin ou servir notre communauté, un dévouement sincère est nécessaire. Un dévouement éclairé naît de notre propre sentiment d’abondance intérieure.

L’état d’abondance est lié à un profond sentiment de gratitude. Lorsque nous nous ouvrons à l’abondance, nous pouvons apprécier le brouillard qui se lève au-dessus de la fonte de neige matinale et la vapeur qui s’élève du bol de soupe chaude  sur notre table. Nous pouvons apprécier le demi-sourire de la serveuse fatiguée, le croissant argenté de la lune au crépuscule, le rire irrépressible des enfants dans la cour d’école, et célébrer le fait que nous sommes ici, respirant et vivant, sur cette terre merveilleuse. Cette réalisation est bien au-delà de la « conscience de prospérité » qui est promulguée dans les livres et les ateliers qui nous poussent à visualiser des voitures de luxe, des manoirs tentaculaires et des comptes bancaires en plein essor. La recherche extérieure effrénée peut en fait être le reflet d’une limitation intérieure, d’un sentiment d’insuffisance.

Notre vraie nature est tellement plus que cela. Le cœur abondant est déjà entier. Nous l’avons tous ressenti à un moment ou à un autre.  Un cœur généreux englobe notre monde, embrassant toute sa joie et sa peur, ses gains et ses pertes, sa noblesse et son égoïsme, enveloppés dans une étreinte de compassion et d’amour.

Faisons une pause et prenons le temps de nous ancrer dans un espace d’appréciation paisible et de gratitude. Avec un cœur plein, vous découvrez que vous pouvez aimer et prendre soin de ce monde à la fois beau et troublé tout en recevant ses bienfaits et en ajoutant vos dons à l’ensemble.

Source (notre traduction) : https://gratefulness.org/resource/abundance-and-gratitude/

Jack Kornfield a suivi une formation de moine bouddhiste dans les monastères de Thaïlande, d’Inde et de Birmanie. Il enseigne la méditation à l’échelle internationale depuis 1974 et est l’un des principaux enseignants à avoir introduit la pratique de la pleine conscience bouddhiste en Occident. Après avoir obtenu son diplôme d’études asiatiques au Dartmouth College en 1967, il a rejoint le Peace Corps et a travaillé dans des équipes de médecine tropicale dans la vallée du Mékong. Il a rencontré et étudié comme moine sous le maître bouddhiste Ajahn Chah, ainsi que le vénérable Mahasi Sayadaw de Birmanie. De retour aux États-Unis, Jack a cofondé l’Insight Meditation Society à Barre, dans le Massachusetts, avec ses collègues enseignants de méditation Sharon Salzberg et Joseph Goldstein, ainsi que le Spirit Rock Center à Woodacre, en Californie.