« Quand nous pardonnons, nous nous guérissons nous-mêmes, et nous guérissons les autres. »
Roger W. McGowen, Messages de Vie du Couloir de la Mort par Pierre Pradervand, Editions Jouvence.

Peu importe ce qui nous arrive, nous pouvons toujours revenir à la générosité  du cœur. Le cœur est libéré lorsque nous pardonnons ou que nous nous sommes pardonnés, même dans les circonstances les plus douloureuses. Dans le temple du pardon, nous réaffirmons notre propre bonté. Si seulement nous pouvions aider à ériger des temples du pardon à la place de prisons. Et nous pouvons le faire dans notre cœur. Même dans les situations les plus extrêmes une transformation du cœur est possible.

Un jour, dans le train de Washington à Philadelphia, je me trouvais assis à côté d’un  Afro-Américain qui dirigeait un programme de réhabilitation pour des jeunes délinquants dans le District de Colombie. La plupart des jeunes avec qui il travaillait étaient membres de gangs et avaient commis des meurtres.

Dans ce programme, se trouvait un adolescent de 14 ans qui en avait abattu un autre, innocent, simplement pour se prouver à son gang. Au procès, la mère de la victime resta impassiblement silencieuse jusqu’à la fin, quand l’adolescent fut  jugé coupable du meurtre. Lorsque le verdict fut prononcé, elle se leva lentement,  fixa son regard sur lui et dit : « Je te tuerai. » L’adolescent fut ensuite emmené pour purger sa peine de plusieurs années dans un centre de détention pour mineurs.

Six mois après, la mère de la victime alla visiter son meurtrier. Celui-ci avait vécu dans les rues et elle était la seule visite qu’il ait eue depuis son emprisonnement. Ils discutèrent pendant un moment et, en partant, elle lui donna quelques sous pour acheter des cigarettes. Par la suite, petit à petit,  elle le visita plus régulièrement, apportant de la nourriture et des petits cadeaux. Vers la fin de sa sentence de trois ans, elle lui demanda ce qu’il allait faire à sa sortie. Il était très confus et incertain et elle offrit de lui procurer un job dans l’entreprise d’un ami. Ensuite elle lui demanda où il allait vivre et, vu qu’il n’avait aucune famille, elle lui offrit temporairement sa chambre d’amis.

Il vécut chez elle pendant huit mois,  mangeant chez elle et allant travailler. Alors un soir, elle l’appela dans le salon pour causer. Elle s’assit en face de lui et attendit. Ensuite elle commença :

« Tu te souviens, au tribunal,  quand j’ai dit que je te tuerai ? »

« Bien sûr, Madame, » répondit-il.

« Eh bien je l’ai fait » continua-elle.  « Je ne voulais pas que le garçon qui avait pu tuer mon fils sans aucune raison continue à vivre sur cette terre. Je voulais qu’il meure. C’est pour cela que je t’ai visité, trouvé un travail et offert un logis chez moi.  C’est ainsi que je t’ai changé. Maintenant, comme mon fils est mort, et son meurtrier aussi, si tu veux vivre ici, j’ai de la place et je t’adopterai si tu veux bien. » Et elle devint la mère du meurtrier de son fils, la mère qu’il n’avait jamais eue.

Extrait traduit d’un article de Jack Kornfield paru dans Kripalu, Spring  2016