Et si vous pouviez former des mères pour qu’elles transforment leur compassion et leurs liens en première ligne de défense contre le terrorisme ? En Allemagne et dans 15 autres pays, cela se produit.
Leurs fils abandonnaient l’école, rejoignaient des mosquées radicales et rompaient tout contact. Des centaines de mères avaient raconté de telles histoires à Edit Schlaffer lorsque l’Autrichienne était une sociologue qui faisait des recherches sur les zones de conflit dans le monde. Effrayées et isolées, les femmes étaient désireuses de reprendre de l’influence sur leurs enfants, mais ne savaient pas comment le faire.
Aujourd’hui, le programme d’autonomisation que Mme Schlaffer a créé il y a six ans a touché quelque 3 000 femmes dans 16 pays, de la Tanzanie au Bangladesh et en Belgique. « Les mères sont nos alliées en matière de sécurité, dit-elle. « Ils ont la proximité la plus proche des enfants qui pourraient être en danger. »
Pour aider à combattre l’extrémisme, les écoles-mères ont été lancées à Zanzibar en 2014. « Dans un contexte où l’éducation et la radicalisation s’entremêlent et où les jeunes sont mécontents de leurs perspectives économiques, sociales et politiques, l’éducation des enfants devient une tâche redoutable « , déclare Femmes sans frontières.
Quinze élèves des écoles maternelles de Miltenberg, en Allemagne – venus de Syrie, d’Irak et d’ailleurs – ont récemment organisé des réunions hebdomadaires pour apprendre à observer le développement des enfants, à surveiller leur utilisation d’Internet et à reconnaître les signes précurseurs. Ils se sont livrés à des jeux de rôle pour renforcer la confiance en soi.
Pour les femmes qui reçoivent rarement une quelconque reconnaissance dans leur vie, une cérémonie festive de remise des diplômes qui conclut la formation est, selon Mme Schlaffer, » un signe qu’enfin, la société considère les mères comme des ressources auxquelles elle doit faire confiance et qu’elle doit soutenir « .
Par Isabelle de Pommereau Correspondante, 17 octobre 2019
Edit Schlaffer est une écrivaine et spécialiste en sciences sociales autrichienne. Elle a fondé en 2002 l’Organisation Non Gouvernementale Women without Borders, Femmes sans frontières
A travers les Ecoles de Mères contre l’extrémisme, indique Edit Schlaffer, nous équipons les mères à reconnaître et à répondre aux signes d’alerte précoce de la radicalisation et l’extrémisme violent chez leurs enfants. Ces mères sont sur les lignes de front, témoins des petits points de retournement sur le chemin d’accès à des atrocités. Souvent, elles n’ont pas d’outils pour répondre assez rapidement et efficacement. Mais, elles ont la détermination et ont aussi besoin de soutien pour pouvoir actionner la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard.