Il y a une grande différence entre la sympathie (du grec sym-, avec – et pathein-, souffrir, c’est-à-dire souffrir avec) et la compassion. Avec la compassion, le cœur va vers les autres pour les élever et les consoler, les soutenir et exprimer la plus grande attention à leur situation, mais sans jamais prendre leur souffrance sur soi. L’un des plus grands besoins de ce monde qui, vu comme une manifestation matérielle, exprime tant de souffrance et de tristesse, est certainement de se préoccuper profondément et sincèrement des autres. C’était un élément clé des enseignements de Bouddha et de Jésus, pour ne citer que deux des plus grands avatars qui sont venus aider la race humaine à progresser vers une conscience plus élevée.

L’usure de la compassion a surtout été associée à la surcharge des travailleurs sociaux et des soignants, ainsi qu’aux sollicitations incessantes de contributions pour diverses causes louables. Un article récent du Christian Science Monitor aborde le problème : “Dans une société où l’expression “fatigue de la compassion” est de plus en plus courante, nous pouvons lutter contre l’apathie et le désespoir en nous armant d’actes de bonté et de prévenance. Nous pouvons prendre une position mentale forte contre l’égoïsme et l’indifférence… Nous pouvons tous nous engager à prendre plus activement position pour le bien dans notre vie et à résister à la pression et à l’agitation causées par les rapports sur le mal. Nous pouvons planter nos pieds plus fermement et contribuer à une campagne de compassion, d’attention et de don désintéressé. C’est une bataille que nous pouvons mener et gagner par la grâce de Dieu, et nous verrons certainement le changement qu’elle apporte à un monde en attente “.

Chacun d’entre nous peut grandir dans cette profonde bienveillance s’il y met vraiment du sien. L’amour, dans sa dimension particulière de compassion, constitue l’un des fondements de toute société civilisée. Alors, chères lectrices et chers lecteurs de ce blog, plus que jamais, envoyez votre amour, votre compassion et vos bénédictions aux quatre coins de cette planète. Comme je l’ai écrit dans Vivre sa spiritualité au quotidien, « Bénir tout et tous, sans discrimination aucune, constitue la forme ultime du don, car ceux que vous bénissez ne sauront jamais d’où vient ce rayon de soleil qui soudain perça les nuages de leur ciel, et vous serez rarement témoins de cette lumière dans leur vie. »

POUR AUGMENTER MA COMPASSION

Que la compassion approfondisse toujours plus ma sollicitude de la souffrance du monde et encore plus mon désir de la guérir. Que ma compassion me pousse à embrasser immédiatement toute souffrance dont j’ai connaissance, non pas en l’accueillant et en souffrant avec l’autre, mais en l’élevant en pensée avec l’inspiration de la Grâce et en la déposant aux pieds de l’Amour Infini qui guérit tout.

Puis-je être habité de ce désir profond et brûlant d’être cette douce flamme de compassion vivante qui inclut tous les êtres, partout et en tout temps.

Puisse ma compassion embrasser et élever le criminel le plus abominable comme le serviteur le plus dévoué de l’humanité, l’ivrogne qui titube dans la rue autant que le saint le plus discret, le plus atroce dictateur ou le plus grand pionnier du bien, le sadique le plus cruel comme le plus humble citoyen.

Puisse ma compassion embrasser Ta merveilleuse création, de l’insecte minuscule à l’énorme baleine bleue, du modeste arbuste aux séquoias imposants ou aux cèdres du Sahara vieux de 3 000 ans, du minuscule ruisseau à l’océan infini, car Tu les as créés pour notre plaisir et notre jouissance.

Et puisse mon quotidien ou le journal télévisé devenir tous les jours mon livre de prière à mesure que j’inverse les tristes apparences qui y sont décrites, sachant que derrière cette scène matérielle si troublante, voire hypnotique, existe une tout autre Réalité de lumière éternelle et d’un Amour universel et inconditionnel qui nous attend tous.

Plutôt que de déplorer l’injustice dans le monde ou les catastrophes ici ou là, que la compassion me permette d’ouvrir ma bourse, mes mains ou mon cœur pour soulager la douleur des autres.

Et enfin, que ma compassion soit si aiguë et sensible qu’elle apprenne finalement à percer le voile de l’ignorance qui me fait voir un monde matériel de souffrance là où la vraie vision ne discerne que l’omniprésence glorieuse de l’Amour spirituel infini et sa parfaite manifestation en tout lieu.

Pierre Pradervand, Mars 2024