“J’ai décidé de lui pardoner,” dit un ancien enfant soldat

Les négotiations en Colombie pour mettre un terme à la guerre civile qui sévit durant six décennies et coûta la vie à environ 220.000 personnes, sans compter des milliers d’autres qui furent enlevées, offrent des leçons précieuses. L’une des plus importantes est celle qui consiste à  créer une ambiance positive capable de tempérer les attitudes afin de pouvoir prendre les décisions difficiles nécessaires.

Récemment, le gouvernement et le principal groupe rebelle (FARC) ont annoncé qu’ils allaient travailler ensemble à enlever les mines anti personnelles et autres explosifs enfouis dans le sol. alors même  que les négociations se poursuivaient. En se concentrant sur un tel projet humanitaire, les rebelles et leurs homologues militaires pourront peut-être instaurer assez de confiance mutuelle et même d’empathie pour faciliter les négociations.

FARC a annoncé en février passé que l’organisation ne recruterait plus de guérilleros de moins de 17 ans, un geste qui a comme but de diminuer les tensions concernant les enfants soldats. En décembre dernier, le groupe a initié un cessez-le-feu unilatéral. Et au début de mars, le président Juan Manuel Santos a ordonné une halte temporaire des bombardements aériens ciblant les positions du groupe marxiste de gauche.

Depuis que les négociations ont commencé en 2012, les deux parties ont convenu de méthodes pour la redistribution des terres aux paysans pauvres ainsi que pour arrêter la production de drogues si un accord de paix pouvait être négocié. Ils ont également convenu qu’un nombre de rebelles pourraient éventuellement participer à la vie politique. Ils ont aussi décidé d’établir une commission de la vérité qui enquêterait sur les meurtres et les violations des droits de l’homme commis par le passé à l’encontre de gens innocents.

Les germes d’une réconciliation sont présents, selon M. Santos. Des décennies de guerre ont naturellement créé des attitudes amères et durcies. La plupart des Colombiens ne sont pas en faveur d’une amnistie pour les rebelles qui ont commis des meurtres. Mais il est possible que l’on puisse arriver à un compromis concernant leur punition qui satisferait aux obligations de la Colombie envers la Cour pénale internationale. Une percée importante pourrait se faire à condition d’accumuler assez de patience et de sympathie de part et d’autre. Des gestes de réconciliation publics et privés ont déjà eu lieu. Lors d’une récente rencontre, Carlos, 27 ans, qui avait été enlevé par FARC il y a 12 ans, se trouva face-à-face avec le seigneur de la guerre coupable de son enlèvement. Actuellement, celui-ci est en train de purger une peine de prison pour crimes de guerre.  “J’ai décidé de lui pardoner lorsqu’il s’est excusé,” dit Carlos. “Il a reconnu le tort qu’il m’avait fait et a demandé pardon. Ensuite je lui ai serré la ain et lui ai donné une accolade.”

Source: articles dans The Christian Science Monitor des les 17 et 30 mars 2015