Dr Alireza Nurbakhsh

Pour se référer à Dieu, les soufis parlent de l’Ami (dust). Ceci est basé sur le verset coranique « yuhibbuhum wa yuhibbuhunah» (Dieu les aime et ils l’aiment, 05:54), que les soufis interprètent en disant que c’est l’amour de Dieu envers nous qui suscite notre amour pour Lui.

Fakhruddin Iraqi, soufi persan du 13e siècle, définit l’amitié avec Dieu comme étant une relation où l’amour de Dieu précède l’amour du voyageur envers Dieu. Autrement dit, Dieu est l’Ami, car Il a inculqué en nous l’expérience de l’amour et de l’amour bonté. On peut interpréter cela d’un point de vue soufi en disant qu’un ami est quelqu’un qui nous amène à expérimenter l’amour et la gentillesse.

Mais il y a une raison encore plus profonde pour faire référence à Dieu comme étant l’Ami. C’est, je crois, pour mettre en évidence qu’à travers l’acte d’amitié nous pouvons faire l’expérience de l’unité. J’entends par là l’expérience par laquelle nous ne nous «voyons» plus comme étant distinct des autres. Cette perte progressive de concentration sur soi-même peut commencer par l’empathie pour les autres, puis se transformer en un sentiment d’identification aux autres et aboutir parfois à l’expérience de l’unité, unité dans laquelle on n’est plus conscient de la séparation entre soi et les autres personnes. Muhammad Shirin Maghribi, soufi persan du 14e siècle, a écrit le poème suivant à propos d’une telle expérience:

Cet ami spirituel frappa à ma porte la nuit dernière.
“Qui est là?” Demandai-je.
Il répondit: “Ouvres la porte. C’est toi! “
“Comment peux-tu être moi?” Demandai-je.
Il répondit, “Nous sommes un, Mais le voile de la dualité nous a cachés la vérité.
“Nous et moi, lui et toi, nous sommes tous devenus le voile,
Et combien cela t’a voilé à toi même !
Si tu souhaites savoir comment nous et lui et tout ne formons qu’un,
Alors passe au-delà de ce «je», de ce «nous», et de ce «toi».

https://journalsoufi.com/soufisme-accueil/lectures/dr-alireza-nurbakhsh/428-lamitie