Fr. Richard Rohr, OFM, méditation du 8 octobre 2020, avec sa permission

Voici comment nous pouvons résumer les dons de transformation d’une vie simple vraiment franciscaine :

Lorsque nous acceptons de vivre simplement, nous nous mettons hors de portée des autres qui voudraient nous acheter, nous récompenser faussement ou nous contrôler par l’argent, le statut, le salaire, la punition et la perte ou le gain de quoi que ce soit. C’est le niveau de liberté le plus radical mais, bien sûr, il n’est pas facile à atteindre. On pourrait l’appeler justice réparatrice fondamentale, ou solidarité primordiale avec la masse de l’humanité et la terre. François et Claire ont créé une vie dans laquelle ils avaient peu à perdre, aucun désir de gain, aucun prêt ou dette à rembourser et aucun luxe dont ils avaient besoin ou envie.

Lorsque nous acceptons de vivre simplement, nous avons peu à protéger et aucun désir d’acquisition, même pour l’acquisition d’un quelconque “capital moral”. Lorsque nous imaginons que nous sommes meilleurs, plus saints, plus élevés, plus importants pour Dieu que les autres, il s’agit d’un pas très court vers une arrogance ou une violence “justifiée” envers ces autres. C’est presque inévitable, en fait, et nous voyons aujourd’hui comment cela se manifeste à tous les niveaux de nos sociétés. Si nous pouvions éliminer cette supériorité fabriquée et désirée, la religion pourrait enfin devenir non violente en pensée, en parole et en action. François et Claire étaient des experts en la matière et la non-violence leur est donc venue tout naturellement, ainsi qu’au premier mouvement qu’ils ont inspiré.

Lorsque nous acceptons de vivre simplement, nous pouvons comprendre ce que François voulait dire lorsqu’il disait qu'”un homme n’avait pas encore tout abandonné pour Dieu tant qu’il s’accrochait au sac d’argent de ses propres opinions”. La plupart d’entre nous découvrent que ce sac est bien plus dangereux et déguisé que n’importe quel portefeuille et nous le lâchons rarement.

Lorsque nous acceptons de vivre simplement, nous ne considérons plus les immigrés, les réfugiés, les personnes en situation de pauvreté ou toute autre personne en marge de la société comme une menace. Lorsque nous choisissons de renoncer à nos privilèges, quels qu’ils soient, nous avons librement et consciemment choisi de devenir des “visiteurs et des pèlerins” dans ce monde, comme le dit François (citant 1 Pierre 2, 11). Un mode de vie simple est tout simplement un acte de solidarité avec la façon dont la plupart des gens ont dû vivre depuis les débuts de l’humanité.

Lorsque nous acceptons de vivre simplement, nous avons du temps pour des œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles, comme la prière, le service et le travail de justice, parce que nous avons renégocié dans notre esprit et notre cœur notre compréhension du temps et de ses objectifs. Le temps n’est plus de l’argent, malgré l’aphorisme commun ! Le temps est la vie elle-même et nous voulons donner notre vie librement comme l’ont fait Jésus, François et Claire.

Lorsque nous acceptons de vivre simplement, nous avons peu d’énergie pour défendre ou protéger notre groupe, notre ethnicité, notre pays, notre argent et notre religion. Notre cercle n’est plus défini par ces qualités extérieures et accidentelles, car nous trouvons maintenant la joie et la beauté de l’essentiel et le centre réel qui est Dieu.

Source : https://cac.org/the-gift-of-a-simple-life-2020-10-08/