Puissé-je apprendre à calmer en moi la clameur stridente de notre étrange monde, qui, comme une voiture de police toutes sirènes à plein volume, s’élance à cent à l’heure sans même connaître sa destination.

Puissé-je retourner plusieurs fois par jour vers ce puits intérieur si paisible où je trouve toujours de la nourriture pour mon âme et des eaux si fraîches quand mon cœur est fatigué ou desséché.  Pierre Pradervand, https://pierrepradervand.com/fr/pensees-bienveillantes-a-soffrir-et-a-offrir/

 

Ce dialogue entre Moussa Ag Assarid  (MAA) et  un interlocuteur  (J) est traduit d’un article paru dans http://www.dailygood.org

MAA – Je ne sais pas quel âge j’ai. Je suis né dans le désert du Sahara, sans aucun papier. Je suis né dans un camp Touareg entre Timbuktu et Gao, dans le nord du Mali

J –  Qu’est-ce que les gens font pour vivre ?

MAA –  Nous autres bergers nous gardons des chameaux, des chèvres, des moutons, des vaches et des ânes dans un infini royaume de silence.

J –  Le désert est-il vraiment silencieux ?

MAA –  Quand on est tout seul dans ce silence on entend battre son cœur. Il n’existe pas de meilleur endroit pour se rencontrer soi-même.

J –  Avez-vous des souvenirs de votre enfance dans le désert ?

MAA –  Je me réveille avec le soleil. Les chèvres de mon père sont là. Elles nous donnent du lait et de la viande et nous les menons ou elles trouvent de l’herbe et de l’eau. Mon arrière-grand-père faisait ça et mon grand-père, mon père et moi. Il n’y avait rien d’autre dans le monde que cela et j’étais très heureux !

J –  Vraiment ? Cela ne parait pas très excitant.

MAA –  Au contraire. A l’âge de 7 ans on peut aller seul en dehors du camp et on nous apprend les choses importantes – renifler l’air, écouter, observer attentivement, s’orienter avec le soleil et les étoiles … et aussi de se laisser guider par un chameau si on se perd. It nous guidera où on trouvera de l’eau.

J –  C’est utile de savoir ceci, sans aucun doute.

MAA –  Tout est simple et profond là-bas. On possède peut de choses et chacune a une valeur énorme.

J –  Donc ce monde-là est très différent du nôtre.

MAA –  Là-bas, chaque petite chose apporte du bonheur. Chaque touche est précieuse. On ressent une grande joie simplement à toucher les autres, à être ensemble. Personne ne rêve de devenir, car tous sont déjà.

J –  Qu’est-ce qui vous a choquer le plus lors de votre premier voyage en Europe ?

MAA –  J’ai vu des gens courir dans l’aéroport. Dans le désert on court seulement si une tempête de sable approche ! Cela m’a effrayé, naturellement.

J –  Qu’est-ce qui vous déplait le plus ici ?

MAA –  Beaucoup de personnes possèdent tout et ce n’est pas encore assez pour elles. Elles se plaignent. Dans le monde moderne, beaucoup se plaignent tout le temps ! Elles s’enchainent à une banque ; beaucoup sont impatients de posséder de plus en plus. Les gens sont pressés. Dans le désert, il n’a pas de bouchon de circulation, et vous savez pourquoi ? Personne n’a envie de distancer les autres !

J –  Parle-moi de ce qui est pour vous un moment de bonheur profond dans le désert.

MAA –  Cela arrive chaque jour, deux heures avant le coucher du soleil. La chaleur diminue mais l ne fait pas encore froid ; les hommes et les animaux retournent au camp et leurs profils se dégagent contre un ciel qui est rose, bleu, rouge, jaune, vert.

J –  Ça a l’air fascinant.

MAA –  C’est un moment magique. On rentre dans les tentes et prépare le thé. Assis en silence on écoute le son de l’eau qui bouillit … On est complétement immergé dans le calme avec les battements de cœur syntonisés avec le rythme du bouillonnement de l’eau.

J –  Paisible.

MAA –  Oui, ici vous avez des montres ; là-bas nous avons le temps.

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