Pierre Pradervand

AmourIl y a de nombreuses années je participais à Ouhigouya (Burkina Faso) au conseil d’administration de ce qui était alors la plus grande organisation paysanne de la base du continent africain et dont j’étais un des membres fondateurs.

Le dernier jour de la réunion, j’ai contracté la dysanterie. Comme à l’époque je me soignais par une méthode purement spirituelle, j’ai passé un bon moment à faire un travail à ce niveau, et le soir je pensais que cela était fini. Mais le lendemain, en allant à l’aéroport, cela recommença, et sur l’avion j’étais en train de travailler avec mes affirmations, mes textes spirituels, mes prières et autres approches que j’utilisais habituellement.

A côté de moi, il, y avait un jeune garçon non accompagné avec sa petite pancarte sur sa poitrine. La stewardesse qui s’occupait de lui était absolument admirable, s’occupant de lui comme si c’était son propre enfant. A un moment, elle vint lui parler avec une tendresse toute particulière, et je ressentis pour cette femme une gratitude infinie, qui soudain se transforma en une sorte de gratitude cosmique qui m’enveloppa entièrement.

Tout d’un coup, je fus projeté dans un espace infini dont l’harmonie totale était littéralement palpable. J’étais en dehors du temps, plus dans l’avion, dans un espace qui était totalement Amour – avec un grand A. Je n’avais plus conscience de quoi que ce soit d’autre que ce ressenti intense de l’Amour : cet Amour était la substance et la Présence unique, la cause et l’effet de tout, la seule réalité, force, loi, puissance, connaissance … Cet Amour infini enveloppait tout, ETAIT tout, il n’y avait absolument rien d’autre. Et la chose la plus extraordinaire était que j’avais perdu toute conscience de mon identité personnelle. Pierre Pradervand avait totalement disparu, l’ego, donc le mental humain limité, n’existait tout simplement plus, et pour un temps indéterminé (puisque j’étais en dehors du temps) la conscience divine était ma conscience. Ce fut l’instant le plus glorieux, puissant, suprenant de toute mon existence. Et le tout était totalement au niveau du ressenti, puisque le mental, l’intellect, l’ego s’étaient volatilisés.

Et soudain, j’étais de retour dans l’avion, sur mon siège. Je sentis quelque chose bouger dans mes entrailles et en quelques secondes la dysanterie avait totalement disparu. Mais la vraie guérison, celle qui transforma ma vie, fut cette vision extraordinaire que j’ai mis plus de 20 ans à comprendre.

Aujourd’hui j’ai la conviction absolue que la seule chose qui compte vraiment, pour moi, c’est de grandir dans l’amour – et là je suis encore à l’école enfantine. Mais le but est au moins parfaitement clair :  un jour, penser, parler, agir avec amour, regarder tout avec les yeux de l’amour, ne ressentir que l’amour.

Et je pense que c’est le sens des grands soubresauts que connaît notre civilisation aujourd’hui : dépasser le vieux paradigme gagnant-perdant si, si fatigué pour aller vers une société gagnant-gagnant qui marche pour tous, environnement compris. Et nous y arriverons, car, Dieu merci, ce n’est pas nous qui tirons les ficelles ! « Voici, j’envoie un ange devant toi, pour te protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que j’ai préparé. » (Livre de l’Exode). Elle est là, elle nous attend, individuellement et collectivement cette place. Alors, chère ami, chère amie, aie confiance.

LA PAIX SUR TOI, en toi, autour de toi, derrière toi, par-dessus et par-dessous toi. Joie, joie joie.

Dans son livre THE CHOICE FOR LOVE (Le choix de l’amour), Barbara De Angelis, une des personnes ayant lancé le mouvement de développement personnel aux USA dans les années 80 et une personnalité de premier plan dans ce domaine et celui de la spiritualité dans ce pays, décrit une expérience si semblable à la mienne que j’ai envie de la partager, tellement elle renforce l’idée que la seule chose qui compte vraiment est l’amour. Elle introduit en expliquant que cette expérience eut lieu dans une période de sa vie où elle méditait 12 à 15 heures par jour, parfois pendant six mois ou plus. Voici donc ma traduction de son texte (p. 23).

 « C’était pendant une de ces retraites de longue durée au début des années 1970 que j’ai fait l’expérience de ce que je considère comme mon initiation spirituelle à l’amour. …

Un après-midi, je méditais dans ma chambre, dans un état de silence profond et sans limites. Soudain, j’ai commencé à m’étendre, et m’étendre et m’étendre. Toutes les barrières du temps, de l’espace et de la réalité ont fondu et j’ai complètement quitté ce corps, ce monde et ce niveau d’existence.

Tout sentiment d’être Barbara, tout sentiment d’individualité, tout sentiment de quoi que ce soit d’autre que le sentiment de l’Un n’existait plus. J’étais (bien qu’il ne restait plus de « je ») simplement dans le grand Tout. Ce n’était pas que « je » ressentais l’Amour. Le « je » s’était fondu dans l’Amour. Il n’y avait que l’Amour. L’Amour était tout.

Dans cet état, il y avait cette conscience que tout dans l’Univers était créé à partir de l’amour, et que tout ce qui ne ressemblait pas à l’amour était encore l’amour. Il n’y avait rien d’autre. Comment pouvait-il y avoir autre chose ? Tout était amour.

 Ceci constituait un savoir et même ce savoir était juste l’amour. Il n’y avait pas de sentiment d’excitation. Il n’y avait pas de pensées du type : « Aïe aïe ! Je suis en train d’avoir une expérience spirituelle totalement hors de l’ordinaire », car il n’y avait pas de Barbara pour penser ces pensées. J’étais l’amour en train d’être conscient de soi comme amour.

Je demeurai dans cet état plusieurs heures comme je le réalisai plus tard, et à un moment dans cet Amour infini, une minuscule fluctuation émergea, le soupçon de la conscience de « je ». Je suis. J’existe. Lentement, le « je » commença à devenir plus conscient de lui-même. Je suis un corps qui habite sur la planète Terre. J’ai besoin de retourner à ce corp maintenant. Même à ce moment, l’expérience était celle de l’amour qui retournait à un corps, de l’amour qui respirait, de l’amour qui remettait le costume de Barbara, de l’amour qui prenait une forme.

Eventuellement je me retrouvai à l’intérieur de Barbara, dans ce corps, assise dans ma chambre.

Quand finalement j’émergeai de l’expérience, j’étais définitivement transformée. Pour la première fois de ma vie, je savais qui j’étais. J’avais fait l’expérience de ma véritable lignée, et cela changea tout – j’étais l’amour. Et je savais que tout le monde était aussi amour. »

 Extrait du livre The Choice for Love: Entering into a New, Enlightened Relationship with Yourself, Others and the World

http://barbaradeangelis.com/the-choice-for-love/

Traduit par Pierre Pradervand