Avec un ami camerounais dirigeant d’un orchestre afro-antillais, nous organisions en 1987 un concert au bénéfice de groupements paysans du Sénégal organisés au sein de la COLUFIFA (Comité de lutte pour la fin de la faim). Le concert avait été annoncé à la radio et dans la presse locale et devait se tenir dans l’aula d’un grand collège de Genève qui nous le prêtait gracieusement.

Néanmoins, il y avait un hic : le concierge-technicien du collège ne voulait avoir absolument rien à faire avec notre concert et le directeur de l’établissement nous informa qu’il ne pouvait forcer son technicien à travailler après les heures de travail officielles. Alors nous dûmes louer les services d’un technicien d’un autre collège.
Deux heures avant le concert, mon ami camerounais et moi arrivons pour voir si tout est bien installé. En arrivant sur la scène, nous fûmes désolés de voir qu’il n’y avait plus que deux micros. Impossible d’avoir un orchestre de 12 musiciens et chanteurs avec seulement deux micros. Nous allâmes donc voir le technicien du collège qui se montra d’une hostilité ouverte à notre égard.

Tout d’abord, je ressentis de la colère, mais une petite voix en moi me dit : « Pierre, tu ne vas pas résoudre le problème en te mettant en colère. Bénis-le. » Et tandis qu’il parlait d’un ton hostile à mon ami, je commençai à le bénir.

Soudain, entre deux phrases, tout son visage s’illumina. Il alla dans son laboratoire, revint avec une pile de micros et nous souhaita une splendide soirée. Et c’est exactement ce qui se passa – grâce à l’art de bénir.