Pierre Pradervand ~

Notre innocence « Puissé-je vraiment percevoir et sentir que l’Amour divin m’a façonné(e) et formé(e) à Son image – qui est resplendissante, innocente, entière ».  Pensées Bienveillantes à s’offrir et à offrir

Pour moi qui avais été élevé dans une religion chrétienne traditionnelle profondément ancrée dans les doctrines calvinistes, selon lesquelles l’homme est essentiellement pécheur, la vie semblait une montagne très haute, aux flancs glissants comme du savon. On s’élevait de quelques pas, en rampant plutôt qu’autre chose, et… patatras ! On se retrouvait au point de départ. Au sommet siégeait un père menaçant, les sourcils parfois froncés, très rarement souriant, qu’on appelait le « Dieu Tout-Puissant » ou « l’Éternel des armées ». Il tenait à la main un bilan sur lequel, j’en étais sûr, mes débits ne pouvaient qu’excéder de beaucoup mes crédits. Il n’est donc pas étonnant que le sentiment de culpabilité soit devenu prépondérant dans ma vie. J’ai passé des années à me libérer de ce sentiment de culpabilité.

Pourquoi ce sentiment est-il aussi prédominant ? L’une des raisons est que la société est constituée de groupes qui semblent passer une grande partie de leur temps à se juger, à se condamner et à se critiquer mutuellement. Trop fréquemment, cela se fait avec un grand ton de supériorité. Mais n’y a-t-il pas une raison plus profonde pour expliquer le fait que les critiques, les jugements et la culpabilité soient si répandus dans les affaires humaines ? Et comment peut-on se libérer de ce fardeau ?

Il y a des années, durant une période de temps libre entre deux emplois, j’étudiai chaque jour des textes spirituels et un matin, l’idée suivante me vint avec une extrême clarté: Étudie l’innocence de l’homme !.Pour la première fois de ma vie, je saisis réellement le sens révolutionnaire de passages bibliques tels que: « Je lave mes mains dans l’innocence » et l’affirmation triomphale de Paul: « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. »

Ce soir-là, en rentrant chez moi, j’avais des ailes. Le lendemain matin, sur le chemin de la Salle de Lecture, la vision de l’innocence intégrale de l’homme s’imposa à moi avec tant de force que je ressentis l’envie de crier dans l’autobus et à tous les gens que je croisais dans la rue : « Vous êtes innocents, VOUS ÊTES INNOCENTS. » Aujourd’hui encore, je sens la puissance extraordinaire de cette déclaration.

Qu’est-ce qui me rendait aussi conscient de l’innocence de l’homme ? Après tout, j’étais toujours sur terre et je continuais à mener une vie humaine assez normale. C’était la compréhension joyeuse que, dans notre identité spirituelle réelle, nous sommes, vous, moi et tout le monde, sans tache, irréprochables, purs, intacts, immaculés, inaltérés, sans marque, sans le moindre soupçon ni la moindre trace de culpabilité. Une métaphysicienne du siècle dernier, Mary Baker Eddy explique : « Dieu crée l’homme parfait et éternel selon Sa propre image. L’homme est donc l’image, l’idée, ou la ressemblance de la perfection — un idéal qui ne peut déchoir de son unité inhérente avec l’Amour divin, de sa pureté immaculée et de sa perfection originelle. »

Cet homme parfait n’est pas un idéal platonicien auquel nous parviendrons un jour à la force du poignet et à la sueur du front ! Cet homme est votre être véritable maintenant même. Il n’y a qu’un homme l’homme de Dieu, l’homme parfait. Il y a seulement l’homme de la création de Dieu, spirituel, entièrement bon, rempli de lumière, libre. Cet homme est l’identité authentique de chacun de nous, vous, moi et même ceux dont la vie n’est pas aussi droite qu’elle devrait l’être, nous semble-t-il.

Pourtant il importe de souligner que saisir cette perfection — et donc notre innocence — est une chose, mais la démontrer de façon continue dans toute notre conduite en est une autre. Il est bien vrai que nous ne pouvons réaliser cette démonstration que si nous en avons eu la vision, mais il est également vrai que si la vision n’est pas suivie de la démonstration — démonstration qui, pour la plupart des gens, semble impliquer une croix à porter — cette vision est vide, c’est un don précieux gaspillé. Un grand enseignant déclara  il y a 2000 ans que ceux qui agissent selon la vérité viennent à la lumière5 , impliquant peut-être que la revendication de notre innocence n’acquerra puissance et substance que lorsqu’elle s’exprimera par une vie qui rayonne de qualités telles que la pureté, la clarté, l’intégrité, la compassion désintéressée, la tendresse, l’amour exempt de timidité et la sincérité.

La parabole de l’enfant prodigue fait ressortir cette innocence avec une clarté toute particulière. Le père ne prononça pas un seul mot d’accusation ou de condamnation à l’égard de son fils cadet qui avait gaspillé son héritage en vivant dans la débauche. Un enfant prodigue déchu, voilà le concept humain auquel font allusion les termes suivants de la parabole : « Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. » En examinant cette parabole du point de vue de la Science Chrétienne, nous pourrions dire que le fils prodigue avait perdu conscience de ce que signifie demeurer en compagnie du Père, de Dieu — mais cela, seulement du point de vue humain. La vision du Père était, est, et sera toujours la vision de l’innocence

Dans cette parabole, le père fait au fils aîné une déclaration qui est à mes yeux la plus frappante de toute la Bible : « Mon enfant… tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi. » 9 Que toutes les qualités de Dieu nous appartiennent par réflexion, n’est-ce pas là une chose absolument prodigieuse ? Toutes — non pas certaines, ou la plupart d’entre elles, de temps en temps. Non, toutes. Point final. Non pas demain, mais maintenant (bien que la démonstration effective de ce fait dans notre vie puisse demander du temps). Et cela inclut naturellement l’état d’innocence. La seule source de notre innocence est la nature de Dieu : parce que Dieu est innocent, étant Son expression, nous sommes innocents. Nous n’avons donc pas à gagner notre innocence par une conduite juste. Une conduite pure, pleine d’amour et de compassion est le résultat de notre innocence immaculée. Mais il faut souligner que la conscience de notre innocence ne peut venir que par la repentance et la régénération.

Une des conséquences merveilleuses de notre sentiment de parfaite innocence originelle est que nous jugeons et critiquons les autres de moins en moins, que les commérages méchants, les critiques, les remarques acerbes et les jugements des autres ne nous touchent pas plus que l’eau ne pénètre les plumes d’un canard.

Une dernière remarque : Les accusations, les condamnations et la culpabilité impliquent le dualisme d’un accusateur et d’un accusé. Mais là où règne la conscience de l’unité parfaite — entre Dieu et l’homme, Son expression complète et absolument pénétrée de joie — il n’y a rien d’autre que l’omniprésence de l’Amour et son doux rayonnement.

Nulle image ou métaphore n’est adéquate à exprimer l’unité parfaite qui existe entre l’homme et sa source divine, parce que le langage dérive principalement de l’expérience humaine limitée. Mais il y a une image que j’ai trouvée utile, c’est celle d’un diamant aux facettes innombrables : chaque facette est unique et capte la lumière d’une façon particulière, et pourtant chaque facette ne fait qu’un avec le diamant.

Ami(e), pourquoi ne pas accepter d’être une facette de Dieu, pure comme l’eau d’un diamant ? Reflétez donc en toute joie Sa lumière infinie !