Nous vivons dans un monde où notre vie entière, presque partout, est totalement envahie par la publicité. Elle n’est pas encore dans les grottes souterraines explorées par les spéléologues ou sur les flancs du Kilimandjaro en Afrique ou du Mont Everest (mais qui sait si elle ne sera pas là lorsque je tenterai d’escalader le Mont Everest pour la 37e fois…).

J’ai grandi dans un monde où la publicité était quasi inexistante. J’ai passé mes dix premières années en Angleterre, juste avant, pendant et après la guerre, et je suis revenu dans ma Suisse natale à l’âge de dix ans. La publicité a commencé à apparaître timidement dans les quotidiens et plus tard sur les panneaux d’affichage, puis vers les années 50 et surtout 60 les choses se sont accélérées et maintenant elle est partout. Mon dentiste ne projette pas encore de la pub pendant que je suis sur le fauteuil dentaire, mais qui sait ce qui se passera lors de ma prochaine visite chez lui ?

Lorsque j’avais une vingtaine d’années, j’ai lu deux livres de l’écrivain américain Vance Packard, qui ont été parmi les livres les plus influents de ma vie, The Hidden Persuaders, sur les mécanismes de la publicité, et The Waste Makers, sur nos sociétés du gaspillage et de l’hyperconsommation.

Dans les bus genevois où j’habite, l y a des publicités qui tournent en boucle sur les écrans et on ne peut pas les rater. Alors, je m’assois souvent à l’avant du bus, là où il y a des sièges qui leur tournent le dos et ainsi, au lieu d’avoir les yeux rivés sur les spots télévisés, je bénis tranquillement les passagers. Cela m’aide à rester centré et je suis certain que cela ne leur fait pas de mal.

La façon dont nous pensons, en fin de compte, dépend de nous. Il y a deux affirmations qui dirigent ma vie (et j’écrirai un autre blog sur ce sujet). La première est la suivante : “Tout concourt pour le bien de ceux qui aiment la vie” et surtout : “Amenez chaque pensée captive à l’obéissance de l’amour”. Je vis avec ces deux affirmations depuis des années maintenant, et ma vie est comme une rivière qui coule tranquillement avec une paix profonde son principal courant de fond.

J’ai choisi de ne pas avoir de télévision, ainsi aucune publicité n’envahit la paix de mon foyer. Personne ne vole mon attention. Je suis entièrement responsable de ma vie parce que c’est ce que je choisis. Vous aussi, vous pouvez faire des choix similaires.

Et je n’ai pas besoin de la télévision, maintenant que nous sommes bombardés par les publicités de la saison, pour me rappeler que les cadeaux les plus précieux que nous puissions faire – à Noël et tout au long de l’année – sont les cadeaux de notre profonde compassion, de notre écoute profonde, de notre amour désintéressé,  et de tant d’autres qualités que chacun peut manifester, aussi pauvre, handicapé ou triste soit-il.

Pierre Pradervand, décembre 2022