Nous oublions trop facilement que Jésus n’était pas chrétien ! Jésus fut un rabbin juif errant que certains relient aux Esséniens, un groupement judaïque dissident avec une pratique spirituelle très exigeante. Ses paroles ne furent consignées que 70 à 100 ans après sa mort avec toutes les distorsions inévitables que cela implique et les exégètes du Nouveau Testament estiment que seul un cinquième environ des affirmations qui lui sont attribuées sont vraiment de lui. Toutes les paroles du style Jugement Dernier, l’établissement de Pierre comme autorité suprême de l’Eglise, le feu de l’enfer et tant d’autres furent créés par l’Eglise pour asseoir son autorité.

Alors il convient de rendre à Jésus la place qui lui revient : celle d’une des figures spirituelles les plus universelles qui marcha sur cette terre, ancré dans un des enseignements non dualistes les plus purs qui fut jamais prêché, basé sur l’amour inconditionnel le plus total. Ce message est à l’opposé de ce que les Eglises chrétiennes ont prêché pendant si longtemps (voir par exemple l’ouvrage presque terrifiant  de l’historien français Jean Delumeau, Pêché et peur au Moyen Âge).

Dans la fameuse parabole du Fils Prodigue, cet avatar n’appartenant à aucune religion avance ce qui est à mon avis l’affirmation spirituelle la plus extraordinaire de tous les temps. Le fils aîné reprochait à son père d’avoir non seulement pardonné à son jeune frère d’avoir  gaspillé tout son héritage à l’étranger dans des surboums avec des prostituées mais de n’avoir pas eu un seul mot de reproche à l’égard du repenti lors du retour de ce dernier à la maison paternelle. Pire encore, le père lui avait non seulement glissé dès son retour l’anneau de l’unité retrouvée sur le doigt et revêtu de la robe blanche symbolisant son innocence totale, mais – comble du comble –  il avait organisé un grand banquet pour célébrer son retour ! Pour le frère aîné qui avait servi son père tant d’années sans aucun manquement, c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Or le Père lui dit alors : « Mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce que j’ai est à toi ».

Cette parole inouïe, la Source (l’Amour cosmique infini qui dirige tout, l’Univers… mettez le terme qui vous parle à vous) la dit à chacun-e de nous à chaque instant. Oui, nous pouvons affirmer notre innocence originelle totale, l’abondance sans limite du vrai bien qui est notre héritage, cette « paix qui dépasse toute compréhension », la joie qui ruisselle comme un torrent de montagne. C’est absolument gratuit. Nous n’avons pas à le « mériter » par un certain comportement, par des rites particuliers. C’est sans aucune condition préalable. Nous n’avons qu’à accepter et vivre ce que nous sommes déjà: des êtres de lumière totalement bons, pétris d’amour, capables de grandes choses au-delà de tout ce que nous imaginons.

Suis-je prêt à l’accepter ?

Pierre Pradervand

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