Albert Schweitzer (1875-1965). Ce texte est basé sur un extrait de son livre Ma Vie et Ma Pensée dans lequel le gagnant du Prix Nobel de la Paix médite sur la pratique spirituelle de la révérence.

«L’homme qui est devenu un penseur se sent poussé à accorder à toute vie qui veut vivre la même révérence qu’il accorde à la sienne. Il la voit comme la sienne. Il accepte comme étant le bien de maintenir la vie, de la favoriser et de l’élever à son plus haut niveau de développement. A l’opposé, soit  le mal, il refuse de détruire la vie, de l’entraver et de la réprimer dans sa capacité de développement. Ceci est le principe absolu, fondamental de l’éthique ainsi que le postulat fondamental de la pensée.

«La grande erreur des préceptes moraux du passé a été de penser n’avoir à gérer que les seules relations entre humains. Cependant, en réalité, la question est de se demander quelle est l’attitude de l’homme vis-à-vis du monde et de toute vie qui l’entourent. L’homme n’est véritablement moral que lorsqu’il considère toute vie comme sacrée, tant celle des plantes et des animaux que celle de ses semblables, et qu’il se consacre à protéger toute vie ayant besoin d’aide. Seule l’éthique universelle d’un sentiment de responsabilité  en croissance constante envers tout ce qui vit est ancrée dans la pensée. L’éthique des relations entre êtres humains n’en est pas séparée ; elle en est simplement une relation particulière qui résulte d’une relation universelle.

«Donc la morale de la Révérence pour la Vie contient en elle-même tout ce qu’on peut décrire comme amour, dévotion, sympathie, que ce soit dans la souffrance,  la joie ou l’effort. »