Une petite mais remarquablement efficace fondation de Genève, la Fondation Sommet Mondial des Femmes, a récemment calculé pour la première fois (ce qui est vraiment ahurissant) que 75% de la population du globe est constituée de femmes, de jeunes et d’enfants qui n’ont pratiquement rien à dire dans la gestion effective de la planète. Depuis la nuit des temps, ce sont les hommes qui gèrent notre petite planète et cela DOIT changer si nous voulons simplement survivre.
Ce sont avant tout des hommes qui ont mis en place une économie qui détruit la planète et a déréglé le climat, un système financier qui permet aux riches de s’enrichir toujours plus (une petite poignée de ces derniers contrôle 50% des richesses de la planète alors que les pauvres deviennent toujours plus pauvres), qui donnent une priorité absolue aux dépenses militaires (on dépense 5 milliards de dollars par jour pour ces dernières alors que près de 800 millions se couchent tous les soirs en ayant faim.) Et chacun.e peut continuer cette liste.
Les défenseurs du système me diront que j’exagère, ils citeront les pays scandinaves ou le Costa Rica (pas d’armée), sans parler de chiffres qui contredisent les miens, mais comme le disait le grand statisticien Alfred Sauvy à la fin du siècle dernier, « les statistiques sont des êtres sensibles et délicats qui, soumis à la torture, livrent des avis conformes aux désirs du bourreau ». Il y a beaucoup de bourreaux parmi les défenseurs du système. Au cours d’une vie passionnante j’ai eu l’immense privilège de vivre, étudier, travailler ou voyager dans une quarantaine de pays des cinq continents et j’ai pu observer que le règne du patriarcat reste la règle presque partout.
Dans mon dernier livre, Et ainsi coule la rivière, (Editions Jouvence) je raconte que c’est à Alger que je suis devenu un féministe convaincu en apprenant à connaître une femme pauvre que son mari avait plaqué sans la moindre ressource avec trois enfants pour aller vivre avec une autre femme dans une grande ville de l’Ouest, Oran. Mais il passait de temps en temps au milieu de la nuit à Alger pour exiger ses « droits conjugaux » !
Alors il est grand temps que partout vous, nos soeurs montent aux barricades exiger vos droits. Cela a commencé dans la Nord, mais dans le Sud il y a encore énormément à faire.
Pierre Pradervand
Octobre 2023