Pierre PradervandUne guérison de la dépression

Il existe des moyens de sortir du piège de la dépression, des moyens qui évitent de s’engager sur la route glissante qui mène à la pharmaco-dépendance. J’en ai trouvé un et ce qu’il m’a enseigné fait partie des choses les plus utiles que j’aie apprises.

Dans les années 80, j’étais sujet à de graves crises de dépression. Elles s’accompagnaient d’un sentiment d’incompétence totale. Ces attaques se sont étalées sur une période qui a duré plus de sept ans. J’étais au chômage à l’époque (sans indemnités pendant plus de trente mois). Les crises sont devenues de plus en plus violentes pendant les six mois qui ont précédé leur arrêt subit. Elles ont disparu une fois pour toutes à la suite d’une conversation téléphonique que j’ai eue avec un ami. J’y reviendrai plus tard.

Quand je repense à cette époque, je me dis que plusieurs facteurs clés ont contribué à la guérison. D’abord, j’ai appris à être « ferme, inébranlable », pour reprendre les termes utilisés par l’apôtre Paul (voir I Cor. 15:58). J’aimais certains mots qui décrivent ce que je voulais être et j’en ai découvert une dizaine. C’étaient des mots qui exprimaient l’idée de fermeté inébranlable. En voici quelques-uns: persévérant, résolu, tenace, infatigable. Régulièrement, je disais à haute voix: « Je ne capitulerai jamais, jamais, jamais… jamais. Je n’abandonnerai jamais, jamais, jamais… jamais. » Je n’avais pas recours à une sorte d’auto-hypnose ou d’autosuggestion. J’avais la conviction que ma véritable nature est spirituelle. Dieu, Amour divin,  est Principe et Il ne peut être ébranlé; donc, puisque nous sommes la ressemblance de Dieu, nous sommes naturellement inébranlables.

L’autre enseignement que j’ai tiré de cette expérience venait de l’intuition que cette difficulté renfermait un bienfait caché. Dieu ne nous envoie pas les épreuves que nous traversons, mais nous en tirons des leçons précieuses. Je pensais souvent à ce passage de Science et Santé de la métaphysicienne américaine Mary Baker Eddy : « Les épreuves font voir la sollicitude de Dieu »  et l’idée exprimée par Saint Paul: « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. » (Rom. 8:28) Toutes choses – pas la plupart d’entre elles, pas 99% d’entre elles, mais toutes, tout le temps, partout. J’ai aussi trouvé le réconfort grâce à un autre texte qui est devenu un point d’appui dans ma vie. C’est un verset tiré des Psaumes : « C’est Dieu qui me ceint de force, et qui rend parfait mon chemin. » (Ps. 18:33, d’après la version King James) Je me suis mis à le répéter lentement, très souvent, chaque jour, en y pensant avec une foi totale. Aujourd’hui, je comprends ce qu’il veut dire: puisque Dieu est Tout, le bien infini, il n’arrive que des choses merveilleuses en réalité, malgré toute apparence du contraire.

La troisième découverte que j’ai faite, qui fut aussi un instrument de la guérison, concernait le pouvoir de la gratitude. J’ai vu que la gratitude ne peut absolument pas coexister avec une pensée ou un sentiment négatifs. Pendant très longtemps, chaque soir, je dressais une liste des choses pour lesquelles j’étais reconnaissant ce jour-là, cela allait du sourire d’un enfant à un coucher de soleil. J’ai constaté que la gratitude est un antidote puissant contre toutes sortes de difficultés auxquelles on doit faire face. Pourtant, c’est bien plus que de la simple pensée positive. Dans son sens le plus profond, la gratitude consiste à être reconnaissant pour la totalité de Dieu, Amour divin, pour notre statut spirituel de reflet de Dieu qui ne peut rien connaître d’autre que la joie. Existe-t-il une meilleure raison d’être reconnaissant ?

Au cours du processus, j’ai aussi appris à refuser de me dire que j’étais une victime. J’ai découvert qu’assumer totalement la responsabilité de ses actions est extrêmement important. En parlant de Jésus, Mary Baker Eddy écrivit dans le livre susmentionné : « Il accomplit parfaitement l’œuvre de la vie, non seulement pour être juste envers lui-même, mais aussi par miséricorde envers les mortels, afin de leur montrer comment accomplir la leur, mais non de l’accomplir à leur place, ni de leur épargner une seule responsabilité. »

Il y eut un moment décisif quand, une nuit, je téléphonais à une amie proche. Cette dernière, avec gentillesse, me fit remarquer que le psaume 23 ne dit pas qu’il n’existe pas de vallée de l’ombre de la mort. Il nous dit au contraire que si nous sommes dans la vallée, Dieu est avec nous (voir Ps. 23:4). La même chose dans le psaume 139:8: « Si je me couche en enfer, t’y voilà. » (D’après la version King James) J’avais bien l’impression d’être en enfer. Or, mon amie m’a conseillé de ne pas faire comme si les sentiments pesants n’étaient pas là, mais de reconnaître que Dieu m’avait donné la domination sur eux. Pendant toutes ces années je me réprimandais presque journellement et souvent d’une manière très dure du fait qu’une personne prétendant être sur un chemin spirituel qui pratiquait la guérison spirituelle puisse se sentir déprimée. En un sens, mon amie m’autorisa à être déprimé. Elle me rappela que le Psaume 23 ne dit pas qu’il n’y a pas de vallée de l’ombre de la mort, mais que quand nous y sommes Je (Dieu) est avec nous.

Je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi, mais à cet instant précis, sept années d’angoisse me sont tombées des épaules comme un vieux manteau. Je n’ai jamais eu de rechute. J’ai fini par comprendre que mon seul ennemi, c’est le petit ego humain qui s’appelle « moi ». La peur, la colère, la haine, la jalousie, la dépression, la maladie ne peuvent s’attacher qu’à ce faux ego. Elles n’ont aucune place dans le Moi divin, ce qui est notre vraie nature.

Cliquez ici pour laisser un commentaire