Extrait du livre du Père Pierre Ceyrac , Mes racines sont dans le ciel (Presse de la Renaissance, Paris, 2004)

«Je bénis tous les enfants sur cette planète qui luttent avec des défis de santé dans l’assurance que la Vie infinie qui nous habite tous les entoure sans cesse de sa tendresse incessante et active.» 
Pierre Pradervand

C’est l’histoire vraie d’une fillette de huit ans, qui a beaucoup aimé et qui a cru que l’amour pouvait faire des merveilles.

Son petit frère, qu’elle adorait, se mourait d’une tumeur au cerveau. Et ses parents, qui n’étaient pas riches, avaient tout fait pour le sauver. Toutes leurs petites économie y étaient passées, et ils avaient dû changer de maison pour payer les factures d’hôpitaux ; rentrant un jour, épuisé, de ces tournées qui se terminaient toujours par un échec, le papa s’affala sur une chaise et dit à sa femme qui avait les larmes aux yeux : »Tu sais, chérie, je crois que c’est fini. Nous avons tout fait et nous sommes ruinés … Il y aurait peut-être une opération très chère qui pourrait le sauver, Mais c’est hors de prix et personne n’est prêt à bous avancer de l’argent… »

Et se rapprochant de sa femme, il ajouta, d’une voix qui commençait  à s’enrouer : Oui, c’est fini, tu sais. Seul un miracle pourrait le sauver. »

La petite fille, dans un coin de la pièce, suivait avec intensité cette conversation entre papa et maman. Elle ne saisissait pas tout car ils parlaient parfois à voix basse, mais elle savait que c’était la vie de son petit frère. « Seul u miracle pouvait le sauver. »

Elle grava ce mot qu’elle ne comprenait pas dans sa petite tête et s’esquiva de la pièce sans faire de bruit. Elle alla dans sa petite chambre, pritsa tirelire cachée dans un coin, vida les pièces sur son lit et les compta soigneusement : un dollar et onze cents. Elle referma la petite boîte, la mit dans sa poche, et quitta la maison sans faire de bruit. Elle se dirigea vers la pharmacie la plus proche. Lorsque son tour vint, elle s’approcha du comptoir, se hissa sur la pointe des pieds et devant le pharmacien étonné, elle aligna ses petites pièces sur le comptoir.

« Qu’est-ce que tout ça ? Qu’est-ce que tu veux ma petite ? »

-C’est pour mon petit frère, André, monsieur le pharmacien. Il est très, très malade et je viens acheter un miracle.

-Que racontes-tu ? dit le pharmacien.

-Il s’appelle André, et il a un gros bouton qui lui pousse dans la tête, et papa a dit à maman que c’était fini et qu’il fallait un miracle pour le sauver. Vous savez, je l’aime beaucoup ; c’est pour ça que je suis venue : pour acheter un miracle.

La pharmacien répondit, avec un petit sourire attristé :

-Tu sais, ma petite, nous ne vendons pas de miracles ici…

-Mais vous savez, si ce n’est pas assez, je vais essayer de ramasser un peu plus d’argent ça coûte combien un miracle ? »

Il y avait, dans la pharmacie, un monsieur grand et bien habillé, qui écoutait cette étrange conversation. Il se rapprocha de la petite, qui était en train de ramasser ses petites pièces et avait les larmes aux yeux.

-Pourquoi pleures-tu ma petite ? Qu’est-ce qui se passe ?

-Monsieur le pharmacien ne veut pas me vendre un miracle et me dire combien coûte … C’est pour mon petit frère André, qui est très malade. Maman a dit qu’il faudrait une opération, mais papa a dit qu’on ne pouvait pas payer ça (ça coûte trop cher) et qu’il faudrait un miracle pour le sauver. C’est pour ça que j’ai porté tout ce que j’avais.

-Combien as-tu ?

-Un dollar et onze cents … mais vous savez, elle murmura d’une petite voix à peine audible, je peux en trouver un peu plus.

Le monsieur sourit :

-Bon, tu sais, je ne crois pas que ce soit nécessaire ; un dollar et onze cents, c’est exactement le prix d’un miracle pour ton petit frère ! »

Il prit la petite somme dans une main, et dans son autrement, prit doucement la petite main de la fillette.

-Amène-moi chez toi, petite. Je voudrais voir ton petit frère et aussi papa et maman, et voir avec eux si je puis trouver le petit miracle dont vous avez besoin.

Et la petite fille et le grand monsieur partirent doucement, main dans la main.

Le monsieur bien habillé n’était autre que le Dr. Carlton Armstrong, le grand chirurgien de neuro-surgery. Il opéra l’enfant et André rentra à la maison quelques semaines plus tard, complétement guéri.

« Cette opération, murmura la maman, est un vrai miracle.  Je me demande combien cela aurait pu coûter… »

La petite fille sourit sans rien dire. Elle savait, elle, combien le miracle avait coûté … un dollar et onze cents… plus, bien sûr, l’amour et la foi d’une enfant.

Si l’espoir t’a fait marcher
Plus loin que la peur,
Tu auras les yeux levés.
Alors tu pourras tenir
Jusqu’au soleil de Dieu.
Hymne de la Liturgie des Heures, Commun d’un martyr, matin.